Le patron de Whatsapp défend le chiffrement des messages face à un projet de loi européen


WhatsApp, l’application de messagerie appartenant au groupe Meta (Facebook, Instagram), reste opposée à tout texte de loi l’obligeant à contourner ou affaiblir le chiffrement protégeant les messages échangés par ses deux milliards d’utilisateurs. C’est ce qu’a rappelé au Monde son patron, Will Cathcart, alors que l’Union européenne élabore le Child Sexual Abuse Regulation (CSAR), un projet controversé de règlement pour lutter contre les contenus pédopornographiques. Certaines versions du texte, qui est toujours en discussion, obligeraient en effet les plates-formes comme WhatsApp à rechercher ce type de contenus en inspectant les messages envoyés par leurs utilisateurs, afin de les signaler aux autorités.

« Cela consiste à scanner l’intégralité des communications privées en Europe. C’est comme si l’on demandait aux entreprises de travaux publics de mettre une caméra ou un micro dans chaque maison qu’elles construisent. Les gens seraient horrifiés d’une telle proposition. Pour moi, c’est ça que certains veulent faire pour les services numériques », affirme Will Cathcart.

Tous les messages (texte, photo, vidéo…) échangés sur WhatsApp sont protégés par du chiffrement dit « de bout en bout », ce qui signifie que l’entreprise ne peut pas les lire. Même des solutions permettant à WhatsApp de maintenir ce chiffrement, en inspectant les messages directement sur le téléphone de l’utilisateur avant qu’ils soient envoyés et chiffrés, ne satisfont pas son PDG.

Un million de signalements

« Le principe du chiffrement, c’est que vous pouvez envoyer un message à une source, à votre médecin ou à votre conjoint, et seuls vous deux savez ce qui est dit. Pour en revenir à ma comparaison : si je vous dis que les caméras dans votre maison auront un logiciel qui décidera si la vidéo doit être envoyée aux autorités, vous auriez immédiatement une tonne de questions : quel est ce logiciel ? Comment est-il conçu ? Quelles erreurs fait-il ? Peut-il s’activer dans d’autres circonstances ? Avoir du chiffrement mais scanner tout de même les contenus, cela revient à lire les messages de tout le monde ou à écouter tous leurs appels », fait valoir Will Cathcart.

Le patron de WhatsApp met aussi en avant les actions déjà menées par son entreprise pour lutter contre les contenus pédopornographiques, en se vantant notamment d’avoir, en 2022, fait davantage de signalements aux autorités américaines « que Tiktok, Apple, Snapchat et Twitter réunis ».

WhatsApp a en effet, selon les chiffres du National Center for Missing and Exploited Children, l’organisme auprès duquel les entreprises américaines sont tenues de signaler tout contenu possiblement pédopornographique, envoyé un peu plus d’un million de notifications – contre 937 000 pour ses concurrents –, notamment grâce aux signalements réalisés par ses utilisateurs. « Le fait que nous soyons un service chiffré mais que nous envoyions davantage de notifications que les autres entreprises montre qu’il existe une marge d’amélioration pour l’industrie, sans avoir à prendre de mesure drastique mettant fin à la vie privée en ligne », estime Will Cathcart.

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Catégorie article Politique

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